Michel Allibert
Michel Allibert est né en 1936.
Il sort de l'école de Saint-Cyr à l'âge de 18 ans. En 1958, il sert avec le 13ème Dragons Parachutiste et est déployé dans les Djebels en Algérie.
Lors d'une permission, Michel Allibert décide de ne pas rejoindre son régiment. Il modifie son billet d'avion et part pour Alger, entrant ainsi dans la clandestinité. Pour lui, il ne s'agissait pas d'une désertion au sens classique, mais d'une fuite d'une armée qu'il estimait se dérober à son devoir.
Il participe au putsch manqué d'avril 1961. Bien qu'il ait réalisé plus tard que la cause était perdue une fois qu'il avait rejoint l'OAS, il a choisi d'assumer sa décision. Il expliquait leur objectif ainsi : "Nous voulions être présents pour empêcher que l'Algérie ne tombe aux mains des indépendantistes algériens. Je n'acceptais pas l'idée que le vainqueur fut désigné à l'avance. C'était mettre la population devant le fait accompli. Nous pensions pouvoir encore empêcher ce processus de remise des clés au FLN."
En 1962, il rejoint l'OAS à Constantine, où il devient adjoint de Pierre Château-Jobert. Son expérience sur place lui fait prendre conscience des limites de l'organisation sur le plan militaire. Selon lui, il n'y avait "jamais eu à Constantine plus de dix hommes capables de tenir une arme !" Il a observé une forte mobilisation civile pour des actions de propagande (tracts, mots d'ordre de grève, casserolades) visant à paralyser l'État français. Envoyé par le colonel Gardes, il constate une "désorganisation terrible, terrifiante" de la population, avec des initiatives parfois "maladroites, quelquefois injustes", et des petits réseaux qui refusaient de se fédérer. Il a reconnu qu'il pensait qu'en tant qu'officier de métier, il serait obéi, mais la réalité était un "fouillis", sans organisation possible.
Pendant les neuf mois où il s'est battu à Constantine, ils n'ont jamais été plus de dix personnes "capables de tenir des armes et de s'en servir à bon escient". Il se souvient d'avoir attaqué une armurerie de police et d'avoir récupéré "quatre-vingts armes de guerre", mais sans savoir à qui les donner.
Malgré ces difficultés, les activistes de l'OAS, encadrés par des officiers expérimentés et aidés par une population favorable, ont réussi à affaiblir les positions de l'État. Le Lieutenant Alibert a poursuivi le combat avec application et persévérance selon les directives du colonel Gardes, souvent comme seul officier jusqu'à l'arrivée du colonel Château-Jobert en janvier 1962 dans le Constantinois.
Suite à ces événements, Michel Allibert est condamné à mort par contumace en 1965 pour complot contre l'autorité de l'État et commandement de bandes armées. Il apprend sa condamnation par la radio à Paris, une nouvelle qu'il a reçue avec amusement.
De 1962 à 1967, il vit en clandestinité à Paris. Grâce à des complicités, il obtient de faux papiers d'instituteur de l'académie de Constantine, ce qui lui permet de rejoindre Marseille puis Paris, facilitant son passage parmi le flot de rapatriés. Pendant cette période, il effectue divers petits boulots. Il est coursier à vélo au noir pour un cabinet dentaire, son patron le prenant pour un étudiant. Plusieurs accidents ont failli le faire repérer. Le docteur Claude Gubler, un ami, l'aide à devenir professeur de mathématiques au cours Sévigné pendant deux ans.
Cependant, la vie clandestine devient pesante, et un sentiment de désespoir le gagne. À l'automne 1967, il décide de se rendre. Il est emprisonné pendant six semaines à la prison de la Santé à Paris. Son avocate obtient sa liberté provisoire, et il est amnistié en 1968.
Plus tard, Michel Allibert devient cadre dans une grande entreprise. Il se tourne ensuite vers l'écriture, devenant romancier, et donne des cours de soutien scolaire à des enfants d'immigrés.
En 2008, il prononce l'éloge funèbre de Nicolas Kayanakis.
Michel Allibert est décédé en 2021.