Armand Belvisi

Né en 1925 en Tunisie
Décédé 22 juillet 2021
chef régional de la mission III de l'O.A.S

1960, Belvisi habite en métropole avec sa femme et ses cinq enfants. À Champigny-sur-Marne, puis à Montrouge, il travaille, comme il le faisait en Tunisie, dans un garage.

En Avril 1961, L'Humanité Dimanche " signale au mois de mai l'existence du réseau Plume, constitué d' " hommes sûrs ", et à la tête duquel se trouve Belvisi.

Arrêté à deux reprises et interné même pendant plusieurs jours au camp de Thol, il sera chaque fois libéré.
Ces arrestations, qui furent prises par mesure de précaution, ne sont pas forcément liées à une activité réelle de Belvisi à cette époque. Il se peut qu'ayant travaillé pour le compte de certains " services secrets " - on a dit, par exemple, qu'il avait été en contact avec le colonel Fourcaud, - il fût considéré par les services de police comme un agent que l'O.A.S. aurait pu utiliser.

Libéré au cours de l'été 1961, Belvisi entre clandestinité. Il semble qu'il ait agi plus ou moins pour son compte et qu'il n'ait collaboré qu'avec intermittence avec les réseaux déjà existants. II est pendant cette période l'organisateur de nombreux attentats au plastic et " trafique " de diverses manières pour obtenir des fonds, des armes, des explosifs. Plasticages, qui lui valurent douze ans de réclusion criminelle par cette la Cour de sûreté de l'Etat.

Septembre 1961, il participe à l'attentat manqué de Pont-sur-Seine contre le général de Gaulle. Dans la nuit du 13 septembre il est au volant de sa voiture pour signaler à l'aide de phare l'arrivée du cortège présidentiel à Martial de Villemandy et à Dominique de la Prade.

Il raconte cet événement en ces mots :
"On va avoir besoin de vous." On me met en relation avec un personnage dont on me dit que je peux avoir toute confiance en lui. Je le rencontre, c'est le colonel Bastien-Thiry. Comme je ne sais pas qui il est, je note le numéro d'immatriculation de sa voiture et je demande à une relation de me dire à qui elle appartient... Pour vous dire, quand même, que je suis méfiant. Tout de suite après l'effondrement du putsch, quand de Gaulle a révélé la nature de ses intentions, "ils" ont pris une décision : celle d'abattre le chef de l'État et "ils" ont fait appel à moi. De là naît l'attentat de Pont-sur-Seine. On organise l'affaire minutieusement.
« Quand je vais poser la bombe, j'ai dans la voiture la bombe, le détonateur, le fil électrique et quatre de mes camarades. On attend le
cinquième. Un car de police arrive, mitraillettes au poing, ils entourent la voiture. Je dis aux Copains: "Vous ne dites rien, vous me laissez parler."
Le flic me demande : Vous faites quoi ?" Je réplique:"On attend un copain parce qu'on va à la campagne. Vous allez faire quoi? -On va
faire des travaux parce que j'ai une maison et les copains vont m'aider."
Il me demande d'ouvrir le coffre, je l'ouvre - il y a la bombe , il me dit:"C'est quoi ça ?" Je lui dis : “C'est la bouteille de Propane qui va
nous aider à faire une soudure." Il fait : “Ah bon." Il voit dans le coin trois cents mètres de fil ! "C'est quoi ?" Je lui dis: "Je sais pas, regardez, la voiture n'est pas à moi, elle est au garage où je travaille, c'est peut-êre
les mécanos qui ont laissé ça." Le mec me dit:"Bon, vous pouvez y aller..." On va poser la bombe. >»
Alors qu'ils rejoignent en voiture leur résidence de Colombey-les-Deux-Églises, ce 8 septembre 1961, le chef de l'Etat et son épouse ont la surprise de voir, quand ils arrivent à la hauteur de Pont-sur-Seine, une
barrière de feu en travers de la route. Le chauffeur accélère et la voiture passe, sans dommage, à travers le mur de flammes. La bombe était défaillante et l'explosion mn'a pas eu l'ampleur prévue. Le couple présidentiel poursuit sa route sans une égratignure.

Pour Armand Belvisi, c'est l'heure de la fuite.

Pour cette tentative d'attentat il sera condamné à quinze ans de réclusion criminelle prononcée en septembre 1962 par la cour d'assises de l'Aube.

Fin 1961, il rejoint l'équipe d'André Canal dans l'OAS Métro III et poursuit ses activités de mécanicien. Les enquêteurs devaient en effet constater au cours de leurs recherches qu'au nom de Belvisi était toujours liée une affaire de voitures volées ou utilisées dans un but particulier. Aussi le soupçonna-t-on dans divers milieux d'être à l'origine de l'attentat d'Issy-les-Moulineaux, où l'explosion d'une voiture piégée fit, on s'en souvient, trois morts et une cinquantaine de blessés.

Lorsque Canal prend la direction de la mission III, Belvisi devient adjoint d'André Canal au même titre que Philippe Castille et Camille Vignau ; il recrute ses adhérents parmi les " pieds-noirs ", qui sont d'ailleurs majoritaires dans l'organisation de Canal. Leur dynamisme et aussi leur confusion seront vivement critiqués par les hommes de l'ex-capitaine Pierre Sergent, qui dirige la section militaire de l'O.A.S. Au début de l'année, Belvisi sera même accusé d'être un " franc-tireur " et d'agir absolument pour son compte. L'altercation, raconte-t-on, faillit tourner fort mal, et Belvisi fut menacé d'être " liquidé ".

En mars 1962, Rentré d'Espagne, où Anne Goix l'avait conduit, Belvisi en était revenu porteur d'un pouvoir d'André Canal au nom de la mission III pour installer en Seine-et-Oise le réseau Diamant. Il avait tout d'abord trouvé à Bois-Colombes un havre à peu près tranquille jusqu'à ce jour du 5 mars 1962.
Le nom de Belvisi réapparaît dans la presse lorsqu'explose à Bois-Colombes une camionnette de plastic. Cette affaire n'est pas encore totalement éclaircie. Selon une version, Belvisi, alias Peron, provoqua la déflagration en transportant les explosifs dans la camionnette afin de changer de refuge ; selon une autre version, il s'agirait d'un attentat perpétré par un groupe de l'O.A.S. qui croyait que la camionnette appartenait à des " barbouzes ".

Il explique : " Je devais réunir les armes et les explosifs de toute la Seine-et-Oise, car il avait été décidé de suspendre les attentats. Ce jour-là, après un ramassage de 50 kilos, je vidais la voiture quand tout a explosé. "

Bien que brûlé au troisième degrés, Belvisi parvient à prendre la fuite après s'être fait soigner chez plusieurs médecins, en particulier le docteur Pierre Goix, le mari de sa maîtresse Anne Goix, arrêté en même temps que lui mercredi après-midi. Le 30 mai 1962, une arrestation spectaculaire en plein Paris, qui mobilisa autour de l'immeuble où il s'était enfermé, 3, rue de Sontay, une foule de policiers, et même M. Sanguinetti en personne, venu spécialement parlementer avec ce rebelle, qui n'acceptait de se rendre qu'en tenue de parachutiste. Il avait alors tiré pas mal de coups de feu, lancé quelques grenades offensives. Il apparut, à l'issue de l'enquête, que le fuyard avait tiré en l'air, histoire de gagner du temps et de pouvoir brûler un certain nombre de documents.

Armand Belvisi, Anne Goix et les quatre médecins comparaissent en janvier 1963 pour leurs rôles dans le réseau " Diamant ", janvier 1963.

Si Armand Belvisi, qui apparaît aujourd'hui à la fois las et ironique, put subsister dans la région parisienne, chargé d'organiser son réseau " Diamant ", il le dut à divers concours ; c'est pourquoi comparaissent avec lui Mme Anne Goix ; le mari de celle-ci, le docteur Pierre Goix ; sa secrétaire médicale, Mlle Claude Aucouturier ; trois autres médecins, les docteurs Jacques L'Yvonnet, François Luigi, Georges Cazes, ainsi qu'un ingénieur M. Robert Tuot, et une journaliste Mme Milka Ghenadieff.

Belvisi et Anne Goix, sa maîtresse, se partagent les premiers rôles, et même se les disputent. Ainsi pour cet attentat du 21 février 1962 à la librairie Maspero, rue Saint-Sévrin, où l'engin n'explosa pas l'un et l'autre veulent en être l'auteur.

Au terme de la troisième audience du procès, la Cour de sûreté de l'État a condamné Armand Belvisi à quinze ans de réclusion, peine déclarée confondue avec celle, identique, qui lui a été infligée le 8 septembre 1962 par la cour d'assises de la Seine (pour sa participation à l'attentat de Pont-sur-Seine) et celle de douze ans de réclusion prononcée le 12 août dernier par la Cour de sûreté de l'État (pour son activité dans l'O.A.S. en 1961).

Auteur de "L'attentat" (livre).

22 juillet 2021 Décès d'Armand Belvisi.