Raymond Gorel
Né en 1914 à Batna. Intendant militaire de seconde classe qui correspond au grade de lieutenant-colonel, Raymond Gorel se met en congés spécial à partir du 1er novembre 1961. Il rejoint l'Algérie et l'OAS, devenant son trésorier.
En mai 1962, André Canal est arrêté. On le trouvera en possession d'un courrier écrit de la main de Raoul Salan destiné à un dénommé Cimeterre, lui demandant de remettre la somme de 100 millions à Georges Bidault, successeur de Salan.
En peu de temps, les enquêteurs identifièrent sous ce pseudonyme Raymond Gorel, trésorier de l'OAS.
Durant l'été 1962, Gorel, comme nombre de cadres de l'OAS, se réfugie en Espagne. Il se met à disposition du Conseil National de la Résistance (1962). Il passe en France et se cache chez un ami absent, René Boulanger.
Gorel est interpellé le 11 octobre 1962 à Marseille lors d'une simple vérification d'identité. Les agents trouvèrent sur lui 8 millions d'anciens francs ainsi qu'une liste d'adresses. Les enquêteurs mirent la main sur un bateau mouillant dans le port de Marseille. Ce bateau servit comme QG à l'ex-colonel Jean Gardes. Des documents saisis à bord établirent le lien entre l'OAS et Gorel qui reconnaîtra alors son rôle de trésorier de l'OAS et le pseudonyme de Cimeterre. Le Trésor de L'OAS provenait des collectes volontaires ou forcées auprès d'entreprises et particuliers en Algérie ou en métropole mais aussi de braquages comme celui de la banque de France d'Oran.
L'indépendance de l'Algérie étant devenue inévitable, il fallait mettre en lieu sûr le magot. Il sera partage en plusieurs groupes puis il était prévu de de regrouper les fonds.
Gorel niera ensuite rapidement les faits. La cour de sûreté de l'Etat, le confronta à de nombreux documents en novembre 1963. Si ces documents ne permirent pas de faire avouer Gorel, ils mettent en évidence les fortes dissensions au sein des cadres de l'OAS surtout concernant les questions de l'argent collecté et caché.
Gorel sera condamné à 12 ans de détention criminelle et sera automatiquement radié des cadres de la Légion d'Honneur. Il est libéré au moyen de la grâce presidentielle en juillet 1966.
En 1964, Jean-Jacques Susini, demande aux activistes détenteurs d'une part du trésor de les mettre à disposition des rapatriés dans le besoin. Selon lui, seul Gorel manque à l'appel.
En octobre 1967, Raymond Gorel fait l'objet d'une tentative d'enlèvement par quatre individus porte de Châtillon. Il est alors administrateur d'une société de transport à Aulnay-sous-Bois.
Fin décembre 1968 son véhicule est retrouvé à Paris au boulevard Victor. On est alors sans nouvelle de Raymond Gorel. Ses anciennes activités mettent les enquêteurs sur la piste des anciens chefs de l'OAS.
Sont alors auditionnés : Raoul Salan, Jean Gardes, Pierre Sergent et Jean-Jacques Susini. Aucun n'a été en mesure de fournir le moindre indice. Toutefois, ce dernier sera interpellé à nouveau pour être mis en garde à vue. Il sera remis en liberté.
L'enquête se poursuit tout de même. En 1972,.un détenu à la prison des Baumettes, Serge Renault, indique avoir des révélations à faire au juge d'instruction. Renault avait participé à divers braquages et attaques à main armée avec d'autres anciens de l'OAS et de simples truands, en 1969 dans les régions de Lyon et Marseille. Renault, dans sa lettre indique avoir pris part à l'enlèvement de Gorel.
C'est l'ensemble du groupe de braqueurs qui sera alors mis en garde à vue ainsi que Susini. Jean Lecrivain, ancien garde du corps de Gorel avouera sa participation et sera inculpé d'enlèvement et séquestration volontaire.
Susini sera ensuite inculpé pour les mêmes faits, ainsi que son cousin Christian Alba.
Renault qui espérait obtenir une part du trésor de l'OAS avait tenté de faire chanter Susini. Devant l'absence de réponse, Renault balance les membres de l'équipe qui enleva Gorel pour le remettre à l'équipe de Susini: Gabriel Bernard, Jean Lecrivain, Robert de La Tour, Françoise Prugnat.
Ce dernier confirme les accusations de Renault et accusé Jacques Laffaille d'être le chef de l'opération.
La suite de l'enquête et notamment l'interrogatoire de Françoise Prugnat permit de connaître un peu mieux les circonstances de l'accident. L'équipe de kidnappeurs provoquèrent un accident de voiture avec celle de Gorel. Ce dernier est ensuite assommé et embarqué dans une camionette. Gorel est ensuite emmené dans un garage du 19e arrondissement. Mais aucun des inculpés ne semble connaître la suite des évènements.
En Janvier 1973, nouveau rebondissement. Un homme, au pseudonyme de Petit Jim, domicilié au Portugal s'accuse auprès de journalistes de France-Soir d'avoir étranglé Gorel dans le garage parisien.
Ce Petit-Jim se nomme en réalité Pierre Vigneau. Il aurait rendu visite à Didier Gonsolin qui lui aurait prêté un véhicule pour transporter le corps. Gonsolin réfute toutes ses accusations.
L'affaire des braquages est jugée en février 1974. Sont acquittés: Susini, Gilles Buscia, Georges Sanchez, Jean Lecrivain, Christian Alba, Luigi Isachi, Michel Houiller.
Robert de La Tour qui revendiqua ses responsabilités sera condamné à six ans de réclusion.
Sont aussi condamnés à des peines de prison plus faibles: Georges Renault, Gabriel Bernard, Antoine Torel, Jacques Laffaille et Jean-Claude Ringwald.
Susini est libéré mais doit se tenir à la disposition de la justice concernant l'affaire Gorel. Il sera de même pour les autres complices présumés à l'exception de Robert de La Tour.
L'enquête balbutie plusieurs années malgré les tentatives de la famille Gorel qui affirme que Susini avait à plusieurs reprises rencontré Gorel avant l'enlèvement.
Susini est aministié en 1987, il échappe alors aux assises.
Sources :
- L'ancien intendant militaire Gorel a été arrêté à Marseille Il avait rencontré à Milan Argoud et Curutchet au début du mois. Le Monde, 25 octobre 1962.
- Le lieutenant-colonel Gorel se défend d'avoir été trésorier de l'O.A.S. sous le pseudonyme de Cimeterre. Le Monde, 1er novembre 1963.
- À LA COUR DE SÛRETÉ DE L'ÉTAT Le lieutenant-colonel Corel est condamné à douze ans de détention criminelle. Le Monde, 2 novembre 1963.
- UN CONDAMNÉ A LA DÉTENTION CRIMINELLE peut-il intenter une action en diffamation ? Le Monde, 24 février 1965.
- Douze condamnés politiques bénéficient de la grâce présidentielle Parmi eux figurent l'ex-général Zeller et Jean-Marie Vincent. Le Monde, 14 juillet 1966.
- Après les mesures de grâce prises par le président de la République. Le Monde, 26 décembre 1966.
- UN ANCIEN TRÉSORIER DE L'O.A.S. EST VICTIME D'UNE TENTATIVE D'ENLÈVEMENT. Le Monde, 27 octobre 1967.
- La disparition de M. Raymond Gorel est-elle liée à ses anciennes activités dans l'O.A.S. ? Le Monde, 24 décembre 1968.
- LA DISPARITION DE M. GOREL Plusieurs anciens chefs de l'O.A.S, sont entendus par les policiers. Le Monde, 6 janvier 1969.
- Ouverture d'une information contre X... Le Monde, 15 janvier 1969.
- APRÈS UN SECOND INTERROGATOIRE, M. JEAN-JACQUES SUSINI EST REMIS EN LIBERTÉ. Le Monde, 4 février 1969.
- JEAN-JACQUES SUSINI. Le Monde, 14 mars 1970.
- Des investigations sont en cours sur la Côte d'Azur. Le Monde, 22 mai 1970.
- M. Jean-Jacques Susini est arrêté à Marseille, Le Monde, 5 octobre 1972.
- UN ANCIEN GARDE DU CORPS DE M. RAYMOND GOREL EST INCULPÉ DE SÉQUESTRATION VOLONTAIRE M. Jean-Jacques Susini sera prochainement transféré à Paris. Le Monde, 6 octobre 1972.
- UN COUSIN DE JEAN-JACQUES SUSINI EST ARRÊTÉ À PARIS, Le Monde, 7 octobre 1972.
- M. JEAN-JACQUES SUSINI A ÉTÉ INCULPÉ D'ARRESTATION ILLÉGALE ET DE SÉQUESTRATION ARBITRAIRE. Le Monde, 8 octobre 1972.
- L'inculpation de M. Susini et la disparition de l'ancien gérant des fonds de l'O.A.S. Règlements de comptes autour d'un trésor. Le Monde, 10 octobre 1972.
- Huit personnes sont maintenant incarcérées. Le Monde, 12 octobre 1972.
- Mlle Prugnat décrit l'enlèvement du trésorier de l'O.A.S. Le Monde, 13 octobre 1972.
- Un personnage mystérieux s'accuse au Portugal du meurtre de M. Gorel. Le Monde, 13 janvier 1973.
- M. DIDIER GONSOLIN EST INCULPÉ POUR COMPLICITÉ DE RECEL DE CADAVRE DANS L'AFFAIRE RAYMOND GOREL. Le Monde, 9 mars 1973.
- A propos de la disparition de M. Raymond Gorel. Le Monde, 15 mars 1973.
- Jean-Jacques Susini est acquitté avec sept de ses compagnons. Le Monde, 6 février 1974.
- M. JEAN-JACQUES SUSINI A ÉTÉ LIBÉRÉ. Le Monde, 17 septembre 1974.
- QUATRE MISES EN LIBERTÉ DANS L'AFFAIRE DE LA DISPARITION DE M. GOREL. Le Monde, 24 septembre 1974.
- L'instruction sur l'enlèvement du trésorier de l'O.A.S. a repris. Le Monde, 20 février 1982.
- La mystérieuse " disparition " d'un fondé de pouvoir de l'OAS. Le Monde, 6 février 1984.
- Le droit à l'oubli de M. Susini. Le Monde, 3 octobre 1985.
- Un ancien bras droit de Bob Denard inculpé de vol aggravé et écroué " Carcassonne ", mercenaire devenu truand. Le Monde, 15 avril 1990.
- Le retour de Jean-Jacques Susini, héraut de l'OAS. Le Monde, 3 mai 1997.